Il était une fois un petit garçon qui aimait jouer au football et avait un grand appétit. Il habitait dans une petite maison de la ville de Cap-Haïtien à la rue 13 K-L et cela lui permettait de rester dehors pour jouer au football dans la rue avec ses amis de quartier. Il ne pensait qu’à jouer au football car sa maman faisant le travail de ménage à la maison et son papa retenu loin de la maison pendant la journée par des devoirs paternels ne pouvaient le retenir. Pendant les grandes vacances, il faisait très chaud, il s’asseyait au seuil de sa maison avec sa sœur aînée, sa sœur cadette et son petit frère. Il se plaisait à regarder les étoiles qui s’allumaient les unes après les autres. Elles brillaient très fort sur la terre de Dessalines et ce petit garçon rêvait de s’élancer à leurs conquêtes. Devant ce spectacle des astres, ce petit garçon savait qu’il détenait le droit de posséder son étoile. Ce petit garçon appelé Tcharly Eléazard était né pour briller comme les étoiles du ciel.
Issu d’une famille qui ne roulait pas sur l’or, Tcharly a pris naissance le 30 juin 1963. Il est le second de la fratrie de Charlemagne Eleazard, le père et la dame Cleonise Docteur. Ses parents ont conçu deux jolies filles; Marie yva dit Fifi l’aînée dont le sourire si charmant peut faire éclabousser même le mauvais temps, Majorie aussi jolie que belle et deux garçons; Tchatcho l’étoile qui brille et le petit dernier considéré comme le Pouchon de la famille Constant.
Capois de souche pure, de sa naissance à l’hôpital Justinien , il fera de belles études primaires chez les frères de l’instruction chrétienne puis ira à l’école pratique du Nord pour les classes secondaires. Tcharly était un bon élève, mais le petit bambin ne jurait que par le football malgré les luttes incessantes de sa mère qui redoutait les maux subis par des aînés à cause d’un membre fracassé ou de la maléfique des jaloux comme ce fut le cas de Tcho Gervais. Mais, le père Charlemagne encourageait si bien son fils qu’il lui laissait beaucoup de liberté à jouer au ballon dans la rue et certains terrains. Tchatcho apprendra l’art du ballon rond dans la rue et dans la cour de récréation chez les frères. Il était un peu l’antithèse des autres mineures de chez les frères comme le petit Armand, Jean-Renaud Abellard, Maxime-Eric- Alex Auguste, Chenet Delva, Windsor, Bellony Mars qui excellaient dans le dribble.
Après avoir fait ses débuts dans l’équipe des frères, il intègre l’ IMCA en 1974, catégorie cadette du club Fica, pourtant, il avait l’âge de la pupille (11 ans). Puis il passera à San Pedro en 1976, ensuite l’USC. Avec ses premiers formateurs Momo (IMCA), Bogota (San Pedro), Jacquelin (USC), il apprendra très tôt quelques notions simples mais primordiales, l’anticipation au premier chef, la passe élément déterminant pour le jeu collectif et le placement devant le but. Ainsi depuis tout petit, Tchatcho savait quoi faire avec le ballon avant de le recevoir. Il était doté d’une bonne technique, sa conduite de balle lui permettait de mettre son corps d’une façon à ce que le défenseur n’a qu’une solution pour l’arrêter: la faute. A cela s’ajoute une analyse de jeu et une rapidité d’exécution énorme. Si bien, il avait toujours un temps d’avance sur le jeu. Je me souviens, jouant contre lui sur le terrain de carénage, pendant qu’il endossait le maillot de l’USC et moi de Monacsun, à la suite d’une deux avec Windsor, je croyais l’arrêter, mais sans contrôler la balle, il mettait une missile faisant mouche ( été 1977).
Sur le petit terrain de Carénage, Tcharly va laisser son empreinte de noblesse. Au San Pedro, Bogota le faisait jouer en arrière (dans une équipe sur un terrain réduit avec de petites cages, un joueur était placé devant les buts, il ne pouvait pas se servir des mains; deux autres joueurs placés devant empêchaient les attaquants de passer et 3 autres joueurs à l’attaque). Il gagnera deux titres avec San Pedro. Dans les deux demies finales, il marquera le but de la victoire à l’épreuve des pénalités contre Monacsun ( mon équipe) et William l’équipe des frères Tice et Robert Eugène dit ti Bob qui leur avait dominé à la première finale 2-0 ( j’étais aussi titulaire de l’équipe William car mon quartier ne s’était pas inscrit à la première édition et le petit Bob Eugène était le meilleur joueur de la première édition ).
A l’USC, l’année d’après, l’entraîneur Jacquelin le place en attaque avec Windsor et James Maisoneuve. Une attaque de feu qui connaîtra une défaite humiliante contre l’équipe de la petite Guinée emmenée par l’ insaisissable James Bolté qu’aucun défenseur ne pouvait l’arrêter. J’ai eu le privilège de le marquer à la culotte en quart de finale avec certes des difficultés. C’était la seule partie où Bolté n’avait pas marqué et mon équipe gagnait un but à zéro, l’œuvre était de Luc Lagredelle dit ti Luco.
Malgré une défaite à la première rencontre de poule, L’USC arrivera en finale grâce au génie de ses attaquants et des buts de Tchatcho, mais perdra la finale contre le San Pedro 0-1.
Depuis lors, Tcharly s’est révélé comme un attaquant explosif et atypique, ni particulièrement excellent dans les dribbles et le jeu spectaculaire, mais rapide et technique quand même et sa force se résidait par un flair et un sens du but hors du commun. Il se faufilait discrètement et rapidement entre les défenseurs. Dès le coup d’envoi d’un match, il devenait un chat insaisissable, il pouvait tirer systématiquement dans des positions difficiles ou des angles de tir improbable.
A l’âge des cadets, Tcharly va connaître une ascension fulgurante. Il était destiné à jouer au Fica puisqu’il a reçu sa première formation dans l’équipe des pupilles d’IMCA. Mais, il n’avait que 16 ans. Le Fica possédait des talents confirmés: les frères Célestin, Abellard, Justafort, Claude Louis Charles, Michel Achille dit Sirop.
Il posera ses valises à l’ASC en 1980 après le départ du GRAND TCHO GERVAIS. Puisque l’entraîneur Hervé ToTo Calixte estimait qu’il n’était pas mûr assez pour intégrer la formation du Fica, c’est donc chez le rival ASC que Tchatcho découvre la première catégorie. Avec l’ASC, il obtiendra sa première sélection dans l’équipe de Cap-Haitien en 1981.
Depuis 1967 après une finale perdue contre le Stella de Théo jean Baptiste et d’Henri Zizine, ASC se bat pour renouer avec ses glorieuses épopées des années précédentes. Depuis les années 70, ASC n’était qu’une modeste équipe. En 1978, le retour de Tcho Gervais associé à des talents ( Zeff le gardien, Hervé Julien, Harry Aristide, Eddy Coqmar, Jocelyn, Maxi Eugène), ASC revient au sommet en perdant deux finales consécutives contre le Vertière des Frères Auguste et Villard Arthur et le Fica.
En 1980, ASC fait de nouveaux recrutements, Tchatcho, Claude Augustin, Ben Clebert et Windsor jean/Louis sont des joueurs prometteurs. Mais, les deux premières saisons sont mitigées.
En 1982, la venue de James Bolté, ti Sonson, Harry Reynald, Baba tous issus de la formation de l’éclair de TENGUE, tchatcho se verse au travail. Ce sont aussi des séances interminables de coups francs. Grâce à sa spéciale sur le coup de pied arrêté, il sera reconnu comme le joueur au coup victorieux contre le FICA renforcé de la présence de Serge Célestin. Avec d’autres buts marqués contre le Bélier, le Dynamo, le Vertière,l’ASC renoue avec le titre de champion et Tcharly sera sacré meilleur buteur et meilleur joueur avec James Bolté.
Cependant, il va s’imposer comme un géant du football national au VIOLETTE de Port-au- prince en coupe Pradel, championnat de première division de l’époque. À la coupe Pradel, il se fera remarquer surtout par sa frappe de balle puissante et efficace qui restera des modèles du genre. Tcharly ne se posait pas de question pour exploser la cage adverse en frappant des missiles de très loin. En 1983, le Violette se faisait mener 1-0 contre le Victory( chef-œuvre d’Abellard. En seconde période à 25 mètres, tchatcho place un tir terrible au ras du poteau, au final 1-1.
En véritable crack, Tcharly engrange en trois saisons tout ce dont un joueur haïtien peut rêver dans son pays. Champion de la coupe Pradel en 1983, champion de la CONCACAF des clubs Champions en 1984 et champion de la coupe d’Haiti en 1985.
Avec la sélection nationale, les résultats étaient mauvais malgré une génération remplie de talents.
Il participe aux éliminatoires de 1986 et 1994. Mais l’histoire retiendra ses deux buts exceptionnels contre Antigua.
Après avoir tout donné dans son pays, Tcharly fera une carrière professionnelle à la ligue nationale américaine au Fort Lauderdale des stickers. Sa fin de carrière est marquée par des problèmes de poids.
Après avoir mis fin à sa carrière de joueur, il obtient un diplôme d’entraîneur en France. Il fut l’entraîneur de nombreux clubs de la première division, entre autres, lè Violette, le Roulado, l’ASC. Il a été également sélectionneur de l’équipe nationale des U-20.
Avant de terminer, je ne saurais oublié la finale perdue avec la sélection scolaire du Cap face au Mirebalais en 1982. Cette équipe était composée les regrettés de mémoire: Eddy jean- Pierre et Judex comme gardien;
Jocelin Barozy, Patrick Cadet, Allande François, Patrick Gaspard, Fanfan Bidji et le feu François jean en défense;
Stanley (Doudy) Jean-Mary, Tcharly Eleazard, Claude Augustin, Nathan Prophète comme milieu;
Ti Sonson, Roody Herivaux, Alex Auguste en attaque.
Nous souhaitons longue vie à notre roi Tchatcho pour son anniversaire de naissance.